Nathalie, pouvez-vous revenir en quelques phrases sur votre parcours ?
Ma curiosité et mon envie de toujours améliorer les choses m’ont amenée à démarrer ma carrière dans le marketing produit et le marketing digital en 1998 chez BNP Paribas Personal Finance. Très rapidement, le digital a pris le dessus sur le marketing et l’éclatement de la bulle Internet en 2001 a été un événement qui m’a beaucoup marquée. Certes, il y avait une bulle spéculative, mais beaucoup d’innovations étaient nées et le digital ouvrait à la fois une boîte de pandore mais aussi un champ des possibles très stimulant. J’ai travaillé dans l’innovation et l’open innovation pendant plusieurs années au sein de L’Atelier BNP Paribas où notre rôle consistait à transformer les nouvelles technologies en opportunités business pour le Groupe BNP Paribas et ses clients. La Silicon Valley était forcément dans mes radars et j’ai voulu mieux comprendre cet écosystème en allant y vivre pendant 3 ans et diriger le bureau américain de L’Atelier.
Forte de cette expérience, j’ai souhaité mettre à profit ces enseignements pour contribuer à transformer une grande entreprise : l’assureur BNP Paribas Cardif. Entreprise que je connaissais bien car j’y avais travaillé juste avant mon aventure américaine. Je suis revenue car j’ai eu le sentiment que je pouvais apporter plus, riche de cette expérience proche des Big Techs et des start-ups. Aujourd’hui je suis donc responsable du digital, de l’innovation et de l’accélération du développement de la compagnie. Cette accélération utilise plusieurs leviers : culturels, humains et technologiques. Un vaste programme !
Pourquoi avez-vous décidé de vous investir au sein de l’Acsel ? Pouvez-vous également nous en dire plus sur le Club Assurance & Digital qui est en train de se lancer et que vous animez ?
J’ai toujours attaché une place très importante aux écosystèmes extérieurs aux entreprises dans lesquelles j’ai travaillé car c’est une façon très importante de se « nourrir », de rester connecté au monde réel et de tirer parti des effets de réseau. J’ai, par exemple, été très active dans la French Tech en tant qu’ambassadrice French Tech SF quand je vivais aux Etats-Unis.
Je suis également persuadée que les industries sont de plus en plus poreuses. Cela m’intéressait beaucoup de pouvoir être active au sein d’une structure qui œuvre sur les questions du numérique quelle que soit l’industrie. La richesse de l’Acsel repose, selon moi, sur cette capacité à fédérer des acteurs divers autour d’une thématique commune qu’est le numérique. Très rapidement après mon arrivée au sein de l’Acsel en décembre 2019, la question d’un club dédié à l’assurance a été évoquée avec le Conseil d’Administration et notre président Laurent Nizri. Une initiative de ce type était importante car le secteur de l’assurance est en pleine mutation et l’Acsel compte de plus en plus de membres assureurs. Nous avons envie de fédérer ces membres autour de problématiques communes et de leur donner accès à un large réseau d’acteurs qui peuvent impacter positivement la chaîne de valeur de l’assurance. L’open innovation aura une grande place dans ce club. La 1ère édition aura lieu le 1er décembre prochain en format distanciel. Cela nous permet de prévoir quelques bonnes surprises comme l’intervention d’experts internationaux !
En tant que Chief Digital and Acceleration Officer de BNP Paribas Cardif, quelles sont les grandes tendances / innovations que vous constatez dans le monde de l’assurance actuellement ?
Chez BNP Paribas Cardif, nous opérons dans 33 pays (Europe, Asie, Amérique Latine) avec un modèle B2B2C. Il y a bien entendu l’amélioration de l’existant, l’innovation incrémentale, grâce au digital. Par exemple, en France avec notre distributeur BNP Paribas, plus de 80% des clients obtiennent un accord d’assurance immédiat en ligne. En quelques minutes, le futur assuré complète un questionnaire médical personnalisé qui lui permet de souscrire en ligne son assurance emprunteur pour protéger son prêt immobilier. Côté gestion des sinistres, le digital et la maîtrise de la donnée nous permettent aussi d’améliorer les traitements. En Espagne, 1/3 des clients arrivent à obtenir aujourd’hui un accord immédiat pour la gestion de leur sinistre. Et pour les dossiers nécessitant l’envoi d’éléments complémentaires, la prise en charge s’effectue en moins de 4h après la réception des documents grâce aux nouvelles technologies (lecture automatique de document, reconnaissance d’image…).
Puis il y a les innovations adjacentes et de rupture. L’Internet des Objets et la maîtrise de la donnée nous permettent de diminuer drastiquement les risques sur certains dommages et de développer des services de prévention. Nous avons été l’un des premiers assureurs à proposer une assurance habitation connectée basée sur des capteurs dans la maison (en Italie, au début des années 2010). On a également lancé en France un dispositif santé permettant aux personnes âgées ou fragiles de rester à leur domicile plus longtemps (cette solution est intégrée à l’offre de la start-up Life Plus). En Colombie, c’est le chômage qu’il faut combattre. En complément de l’assurance chômage, une palette de services est proposée aux assurés, sur une plateforme, pour rester ancrés dans le marché du travail (accès à des Moocs pour disposer de la compétence recherchée, à des benchmarks pour connaître les rémunérations du marché, à des conseils pour refaire son CV…).
Certains risques vont donc diminuer voire disparaître grâce à de nouveaux services et aux avancées technologiques. D’autres vont muter. Nous regardons forcément de près les risques liés au numérique comme les risques cyber. Ces grandes tendances s’observent dans toutes les régions du monde, avec des spécificités locales certes, mais ce sont des phénomènes mondiaux très importants à suivre. C’est l’un des rôles de notre Cardif Lab’, l’accélérateur de transformation et de développement de l’entreprise qui est aussi à la disposition de nos partenaires.