Rencontre avec Carine Cartaud

 

Nous avons échangé avec Carine Cartaud
Regional Sales Director, France & Southern Europe, LexisNexis Risk Solutions
Membre du Comité de pilotage du Club Confiance & Digital

  • Carine, peux-tu décrire en quelques mots ton parcours 

J’exerce depuis plus de 25 ans dans les secteurs de l’informatique, de la monétique et de la sécurité des transactions numériques au sein de grands groupes internationaux (LaCie, Sagem, Schlumberger, Gemalto). Dans le domaine de la monétique, j’ai notamment assisté les plus grandes banques françaises, côtés acquisition et émission, dans le déploiement de terminaux de point de vente, puis de cartes et services associés. Depuis 2007, j’accompagne les institutions financières et les acteurs du eCommerce du sud de l’Europe dans leur transformation digitale, en leur donnant accès à des technologies innovantes pour relever le fameux challenge : sécuriser sans dégrader l’expérience des consommateurs.

En 2015, j’ai rejoint la société ThreatMetrix, spécialisée dans la reconnaissance des identités numériques, acquise par LexisNexis Risk Solutions en 2018. Mon équipe porte l’offre « Fraude & Identité » de l’entreprise qui aide les organisations à transformer la façon dont elles prennent des décisions en se basant sur une richesse et une profondeur de données uniques au monde. Associées à des outils d’analyse avancée, ces données permettent d’améliorer les parcours client tout en appréhendant une large variété de risques tels que la criminalité financière, l’usurpation d’identité et la fraude.

 

  • Pourquoi avoir rejoint le Club Confiance & Digital  ? Quelles sont tes attentes ? Que souhaites-tu y apporter ?

Toutes les initiatives de l’ACSEL, quel que soit leur format, sont intéressantes car elles traitent des sujets-clé liés aux nombreux challenges de l’économie numérique, réunissent des experts venant de tous les horizons, et mettent en avant une veille à la fois métier et technologique.

La démarche Club Confiance et Data m’a particulièrement séduite… par son titre ! Effectivement il suggère clairement le besoin de (re)construire la Confiance en la Data, c’est vital pour l’économie numérique. Un peu comme dans l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés », il y a encore dans certains esprits l’idée qu’il faut consommer en ligne en partageant le moins de données possible. C’est tout le contraire, la donnée est l’ADN de la confiance dans le monde virtuel.

Pour le consommateur il s’agit de partager suffisamment d’éléments de son identité afin qu’il ne soit pas victime d’une usurpation. L’identité numérique, si elle est suffisamment robuste, c’est-à-dire riche en données – techniques, biométriques, comportementales, etc. – ne peut pas se voler, ni se copier ou s’intercepter contrairement à des pièces d’identité ou des mots de passe.

Evidemment le périmètre du Club Confiance et Data va bien au-delà des aspects que je viens de citer, avec des réflexions sur la mise en place de labels, d’initiatives d’harmonisation, etc., tout cela est passionnant car cela va dans le sens de la transparence, de la qualité et de notre satisfaction en tant que consommateurs.

Mes attentes : des rencontres et des échanges riches bien sûr ! J’espère apporter ma contribution dans le domaine de l’identité numérique, de la lutte contre la fraude et de la réglementation.

 

  • Quels sont  les grands défis de la confiance numérique dans les 3 à 5 ans à venir ?

Selon moi, il y a 3 défis majeurs :

La généralisation de l’approche omnicanale qui permettra aux consommateurs de bénéficier du meilleur des 2 mondes, le physique et le numérique, et permettra également à tous les acteurs de l’économie de cohabiter et de dégager de la valeur ;

La fin du mot de passe qui finira par devenir le maillon faible de la sécurité car il pourra toujours se faire intercepter via des prouesses techniques ou de la simple manipulation. L’accumulation des mots de passe, la difficulté à les gérer en tant qu’internaute et l’agacement généré d’un point de vue expérience utilisateur vont accélérer sa disparition ;

Et enfin, l’instauration solide et durable de la confiance dans la capacité des acteurs du web à utiliser les données à bon escient, uniquement dans le cadre autorisé par l’internaute. Selon moi, cela passe par un effort important d’accompagnement et de pédagogie de la part des protagonistes (banques, commerçants, media…). La réglementation et le contrôle aident évidemment mais il faut absolument adapter les mesures pour le respect de la vie privée aux spécificités du monde numérique : à trop en faire, on protège plus les individus malhonnêtes que les consommateurs légitimes.